HOMEOPATHIE ET MALNUTRITION INFANTILE A MADAGASCAR

 HSF-MADAGASCAR

 

I.- INTRODUCTION

     Si 800.000.000 malnutris existent dans le monde selon l’FAO. Madagascar n’a pas pu échapper à ce fléau avec ¾ de la population qui sont considérés comme malnutris sur les 18 millions d’habitants. Chaque année au Sud de Madagascar, nous abordons toujours au problème de « Kere » qui veut dire malnutrition à cause des conditions climatique et géographique (chaud et désertique)  où il y a une pénurie d’eau et de nourriture . Ce sont surtout les enfants et les vieillards qui sont touchés par cette malnutrition.

     Dans cette étude nous essayerons de déterminer la place de l’homéopathie dans la prise en charge des enfants malnutris.

    

II.- Rappel  sur la malnutrition infantile

      En général, il existe 2 types de malnutrition infantile : - le marasme

                                                                                            - le Kwashiorkor

Les autres carences y sont exclues.

Des Médecins homéopathes «  Catherine gaucher et Christine Arnoux ont décrits la malnutrition infantile selon l’homéopathie

 

       II.1- Le marasme nutritionnel :

               Le marasme nutritionnel résulte d’une alimentation très pauvre mais équilibrée. Il se manifeste par :

                     - l’arrêt de croissance

                     - une fonte du pannicule adipeux

           A l’examen : - enfant maigre, émacié, décharné

                                 - la peau est lisse et fripée donnant l’aspect vieillot chiffonné

 

               Cet enfant est affamé, anxieux mais il est vif

               Il existe :

- des troubles digestifs à type de constipation et de diarrhées de faim vert foncé.                                             - intolérance aux repas de grandes quantités avec des vomissements faciles.

            

. Evolution spontanée  vers la mort par  déshydratation et/ou  par des infections intercurrentes.

. Récupération lente par l’apport alimentaire riche en calorie mais il existe de retentissement sur le développement psychomoteur de l’enfant.

 

En Homéopathie, le marasme évoque un état tuberculinique :

                 - amaigrissement

                 - asthénie

                 - anxiété

                 - frilosité

                 - diarrhées …

 

Les remèdes de fonds souvent préconisés sont :

        - Silicéa                                                             - Sulfur  Iodatum

        - Natrum  Muriaticum                                       - Abrotanum

      - Tuberculinum                                                   - Ferrum  Metallicum

      - Phosphorus                                                      - Calcarea Phosphorica

      - Arsenicum Album                                            - Iodum

 

    II.2- KWASHIORKOR

            La Kwashiorkor résulte d’une alimentation pauvre en protéine  avec insuffisance d’apport en acides aminés essentiels, mais peuvent être suffisante en calorie.

            L’apparition de cette maladie est le plus souvent au cours de la 2° et 3° année de la vie.   Elle fait suite à un sevrage de lait maternel en le remplaçant par des aliments riches en glucides ( riz, céréales, des tubercules…)

 A l’ examen du malade :

      - infiltration œdémateuse donnant l’aspect de fausse pléthore

      - retard de croissance

      - un fonte musculaire

      - La peau est squameuse, fissurée ou ulcérée avec des zones d’hyper pigmentation

      - Les cheveux sont fragiles et s’arrachent facilement

 

Signes d’accompagnements : - anorexie, diarrhées

                                                - anémie

                                                - frilosité, tristesse, apathie et indifférence

 

   II.3- EVOLUTIONS :

     - évolution vers la mort si pas de traitement

     - une guérison progressive avec disparition des différents signes et réapparition du sourire si réalimentation  qualitative et quantitative. Mais cette récupération est lente.

 

En homéopathie, le Kwashiorkor est à rapprocher de la sycose . Les remèdes les plus  proposés  sont :

         - Natrum Sulfiricum                               - Phosphoricum Acidum

         - Natrum Muriaticum                             - Phosphorus

         - Natrum Carbonicum                            - Nitricum Acidum

         - China                                                   - arsenicum Album

 

 III.- MATERIELS ET METHODES :

C’est une étude prospective, faite à l’Hôpital des enfants de Tsaralalana (Antananarivo) et dans le centre de récupération Nutritionnelle Ambulant (CRENA) d’Itaosy.

Nous avons fait des consultations  homéopathiques menées par des médecins de l’HSF Madagascar  en collaboration avec les Médecins responsables du dispensaire.

Puis, il existait des suivis hebdomadaires de l’évolution de nos malades. Ces suivis portent surtout sur le poids des enfants,  sur l’amélioration ou d’aggravation  des signes  présentés par les malades  afin de prendre de décision thérapeutique ( arrêter et changer les remèdes utilisés ou bien ajouter d’autres médicaments ).

 

En réalisant ce travail, nous avons divisé notre malade en 2 groupes :

- un groupe d’enfants qui ne reçoit que la nourriture du Centre de Récupération

   - un autre groupe  qui reçoit  un traitement homéopathique en plus de la nourriture.

 

 

 A remarquer que cette nourriture est constituée par :

   - riz ……………………………….. 150 g

   - pois ……………………………...   30 g

   - huile ……………………………..   15 g

   - lait entier ………………………..    60 g

Ces aliments apportent au total : 960 Kcal/ repas/ enfant

 

En plus du traitement homéopathique de fonds de la malnutrition, nous traitons aussi les infections intercurrentes surtout la parasitose avec une déparasitage systématique pour les enfants plus de 12 mois.

Nous avons prescrit ces remèdes en doses sauf pour le traitement des maladies qui nécessitent de prises quotidiennes.

 

Tous les renseignements cliniques des patients  sont enregistrés dans une  fiche médicale pour chaque enfant et qui comprend en plus :

         - les antécédents du malade, son poids à la naissance, le nombre de la fratrie

         - son poids au moment de consultation

         - le rapport poids/taille

         - les facteurs déclenchants de la malnutrition

         - l’alimentation, le mode d’allaitement

- les signes cliniques permettant de classifier la malnutrition, si marasme ou kwashiorkor

         - les signes permettant de faire le diagnostic homéopathique avec les remèdes  homéopathiques correspondants.

 

Les objectifs de cette étude sont :

       - l’assistance aux nécessiteux

       - détermination de la place de l’homéopathie dans la prise en charge des enfants malnutris.

       - identification des remèdes homéopathiques efficace pour traiter les malnutris

       - développement de la recherche en homéopathie

 

 IV.- RESULTATS :

Au total, nous avons 110 malades  dont 51 sont traités  par l’homéopathie et 59 malades sans traitement homéopathiques. Malheureusement  52 dossiers médicaux ont été rejetés pour des causes diverses et nous n’avons retenu que les 48 cas dont les dossiers sont exploitables.

Parmi ces 48 enfants malnutris, 23 ont reçu des traitements homéopathiques et 25 n’ont pas reçu que la nourriture du CRENA.

La malnutrition touche surtout  les nourrissons et les enfants de bas âge entre 0 à 5 ans.

 

        IV-1- Pour le groupe d’enfants ayant reçu de traitement homéopathique :

     Ils sont 23,  âgés de 4 mois à 45 mois dont 9 moins d’un an et 12 plus d’un an.

     Dans leurs antécédents, 45%  de nos enfants malnutris sont nés prématurés avec des poids à la naissance moins de 2,500 kg.

 

     Parmi  les étiologies de la malnutrition :

  

Facteurs déclenchants

Diarrhées

Séparation des parents

Rougeole

Autres infections

Problèmes d’emploi

Nombre

12

9

3

5

3

Pourcentage

52,17

39,13

13,04

21,74

13,04

 

        - la diarrhée prend la première place avec 12 cas sur 23 soit  52,17  %

        - viennent ensuite les problèmes familiales , surtout la séparation des parents avec 9 cas sur 23 soit 39,13   %. ;

       - suivis  des affections respiratoires et surtout la rougeole

 

     Selon le type de la malnutrition :

 

Type de malnutrition

Marasme

Kwashiorkor

Marasme+ Kwashiorkor

Nombre

13

5

5

Pourcentage (%)

56,52

21,74

21,74

  

     Plus de la moitié de nos patients ont présenté de marasme : 56,52%  soit 13 patients sur 23 ;  5 enfants ont de Kwashiorkor  et 5 autres malades ont présenté des formes associés  (Marasme + Kwashiorkor).

 

      Selon les remèdes homéopathiques reçus :

Médicaments

Natr. Mur

Silic.

Tuber

China

Phos.

Acid

Phoshorus

Abrot

Calc.

carb

Nat.

carb

Baryt carb

Nombre

13

7

4

4

2

2

1

1

1

1

 

     Nous avons comme moyen thérapeutique une panoplie e médicaments,  dans cette étude 4 grands remèdes suffisent à traiter la malnutrition à Madagascar :

     - La majorité des dénutris  ont reçu  de Natrum Muriaticum  avec 13 cas sur 23 soit     56,52 %.

     - Viennent ensuite le Silicéa , utilisé chez 7 malades soit  30,43 %, le Tuberculinum , et China avec 4 cas chacun soit 17,39 % ;

 

     - mais nous avons utilisé en outre des autres remèdes tels le Phoshoricum Acidum et le Phosphorus  avec 2 cas chacun (  8,69 %) ; L’Abrotanum, Calcaréa carbonica, Natrum Carbonicum et Baryta Carbonica avec 1 cas chacun.

 

 

    IV.2- Pour le groupe d’enfants n’ayant pas reçu de traitement homéopathique :

      . Ils sont en nombre de 25 ;  leur âge varie de 7 mois à 68 mois dont 9 patients ont moins d’un an et 16 plus d’un an.

 

 

   IV.3.- Selon la durée de traitement

3.1- Durée de traitement chez les malades ayant reçu de traitement homéopathique

Durée

< 3 mois

3 mois à 12 mois

< 12 mois

Nombre

10

9

4

Pourcentage

43,50

39,14

17,40

 

3.2- Durée de traitement des malades n’ayant reçu que la nutrition :

Durée de traitement

< 3mois

4 à 12 mois

Nombre

7

18

Pourcentage

28

72

 

         La durée de traitement pour les enfants malnutris sous traitement homéopathique est plus courte que celle du groupe n’ayant reçu que la nutrition. Presque la moitié du premier groupe soit 43,50%  ont une durée de traitement moins de 3 mois contre 28% de l’autre groupe et 80% de ces patients sont guéris moins d’un an. L’homéopathie pourrait donc raccourcir la durée de traitement.

 

   IV.4 -Selon l’évolution :

4.1- Pour les malades  ayant reçus de traitement homéopathique :

Type de sortie

Guéris

Perdus de vue

Hospitalisés

Décédé

Rechute

Nombre

15

5

2

1

2

Pourcentage

65,21

21,74

8,69

4,34

8,69

 

4.2- Pour les malades n’ayant reçus que la nutrition :

Type de sortie

Guéris

Abandon

Hospitalisés en CRENI

Décédé

Nombre

11

11

2

1

Pourcentage

44

44

8

4

 

      .  Le taux de guérison est plus élevé avec le traitement homéopathique (65% soit 15 patients sur 23) par rapport à  celui  des enfants n’ayant reçu que la nutrition 44% soit 11 patients sur 25. La guérison porte surtout sur le gain de poids et  retour au poids normal ; On compte également sur le retour de l’état psychoaffectif  des malnutris , l’enfant sourit, joue et commence à s’intéresser  aux choses qui l’entourent.

 

        .  On a beaucoup d’enfants qui abandonnent  le traitement  pour les enfants n’ayant pas reçu de traitement homéopathique (44%), alors qu’il n’y a que 21% des enfants qui sont perdus de vue pour les malades sous traitement homéopathique.  Le fait de donner des remèdes homéopathiques pourrait  motiver les parents  d’emmener ses enfants malnutris  vers le Centre de traitement pour contrôle médical.

      

        . Les taux des enfants malnutris  devant être hospitalisés au CRENI après le traitement et des enfants décédés sont les mêmes pour les deux groupes.

 

 

CONCLUSION

La malnutrition constitue un fléau mondial et Madagascar n’a pas pu y échapper.

Nous avons pu prouver l’intérêt de l’homéopathie dans  la prise en charge des enfants  dénutris. Nous avons trouvé  les  quatre grands remèdes Natrum Muriaticum, Silicéa, Tuberculinum et China. Nous sommes convaincus que l’homéopathie peut raccourcir la durée de traitement avec  un taux de guérison  très élevé, gain de poids et retour de l’état psychoaffectif normal de l’enfant.  D’après nous il  faut appliquer ce que nous avons appris non seulement à Madagascar mais aussi dans les autres pays pauvres pour  assistance aux nécessiteux